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Où en est la parité dans les STEM* ?

8 minutes

Lamia Benaouali, Data Engineer chez Lucky cart. 16.05.2022

*STEM (acronyme de science, technology, engineering, and mathematics)
*STEM (acronyme de science, technology, engineering, and mathematics)

En 2020, nous avons positionné la culture de l’entreprise au centre de nos préoccupations. Nos équipes se distinguant par une grande diversité et une très belle harmonie, nous tenions tous à préserver ces caractéristiques sur le long terme. C’est pourquoi nous avons eu un partenariat avec OurOffice, entreprise américaine offrant des solutions de management de diversité et d’inclusion aux entreprises.

Deux ans plus tard, OurOffice a organisé un webinar sur le thème “Women and Allies” portant sur l’évolution des femmes dans les parcours académiques et professionnels. J’ai été invitée à prendre la parole sur la formation, le recrutement et le début de carrière dans les domaines technologiques pour les femmes. Cela m’a permis de faire le point sur mon parcours, mon ressenti à travers les années.

La parité homme/femme dans les STEM commence à l’école

À l’ère du numérique et de l’engagement pour l’égalité des genres, l’écosystème tech évolue progressivement pour offrir des opportunités aux plus jeunes, et de manière inclusive ! Des cursus complets incluant stages ou alternances aux occasionnels hackathons, bootcamps et game jams, les étudiants s’offrent – et non pas se voient offrir, car ils sont souvent les porteurs d’initiative – un large spectre d’occasions de s’initier et de monter en compétences techniques et entrepreneuriales. Dans ma vie d’étudiante, ces activités m’ont littéralement construit un escalier pour monter en compétences : commençant par participer aux activités du Club Scientifique de l’ESI, cela m’a ouvert la porte du programme Microsoft Student Partner, grâce auquel j’ai été sélectionnée pour participer au NYUAD Hackathon for Social Good in the Arab World, suivi de The Port Hackathon au CERN !

Cependant, peut-on en dire autant des plus jeunes élèves ? Bien que le mouvement soit déjà amorcé grâce à des plateformes spécialisées, et que les plus jeunes aient accès aux ressources nécessaires sur internet, un cadre plus large et plus organisé est requis si l’on veut familiariser et encourager les plus jeunes à s’intéresser aux STEM.

Des événements, initiations et même compétitions organisés régulièrement et à grande échelle dès le collège seraient un bon point de départ, car ils auraient pour effet d’attiser la curiosité et la passion à un âge propice. Bien entendu, c’est au collège qu’il faut commencer à démystifier les STEM pour les filles notamment.
J’ai eu de la chance, car mon père a rempli ce rôle dans ma vie, quand l’environnement scolaire ou extra-scolaire en était très loin. Enfant, il m’a appris à repérer les étoiles et constellations, me faisant si bien rêver que je visais une carrière en astrophysique pendant des années ! Il m’a offert mon premier PC et a cadré le contenu auquel j’avais accès : peu de jeux, beaucoup de logiciels culturels, littéraires et scientifiques. Arrivée à l’orientation post-bac, je n’ai pas hésité à choisir l’informatique, même si une fois les études supérieures entamées, j’ai réalisé que j’aurais aimé avoir davantage d’opportunités plus tôt.

Si on réussit à créer cet environnement rêvé pour nos jeunes, collégiens et collégiennes pourront inverser la tendance actuelle et s’orienter davantage vers les filières S et envisager les domaines technologiques pour leur orientation post-bac. Il faut dire que celle-ci est un enjeu capital pour la France avec le besoin grandissant en ingénieurs. Les universités et écoles qui en forment sont en plein essor. Pourtant, les entreprises françaises peinent souvent à recruter sur ce type de profils extrêmement demandés. Insistons sur le fait qu’encourager toutes et tous est important. Si on vise la parité en entreprise, le travail commence par la parité sur les bancs d’écoles et d’universités. La solution du problème au sommet de la pyramide se résoudrait naturellement en équilibrant la base, et il n’y aurait plus besoin d’imposer des quotas et autres mesures forcées. A l’Ecole nationale Supérieure d’Informatique (ESI) d’Alger, où j’ai effectué mes études d’ingénieur, nous comptions presque autant de filles que de garçons par promotion, chose que je n’ai pas pu retrouver dans les différents établissements français où j’ai étudié par la suite.

Les objectifs RH des entreprises commencent avant le recrutement

Parti sur une si bonne lancée, il serait tout aussi pertinent de renforcer l’accompagnement des étudiants. Des pratiques comme le mentoring / coaching, sponsoring et implication sous diverses formes des étudiants dans les activités de l’entreprise seraient probablement ce qu’il y a de mieux. Si les entreprises espèrent trouver à l’avenir des jeunes diplômés à haut potentiel et avec un équilibre des genres, il faut s’impliquer dans l’effort sociétal de leur formation ! Rejoindre Lucky cart en tant qu’alternante m’a apporté un apprentissage qu’aucune école n’aurait pu m’offrir. Cette expérience a très vite fait de moi une candidate intéressante aux yeux des recruteurs.

Cependant, le point d’entrée officiel des jeunes en entreprise restera toujours le processus de recrutement. Sur cette étape décisive, il faut recruter éthique et paritaire. Exiger des compétences et de l’expérience à hauteur du besoin et de la rémunération disponible du poste, et après la compétence, prendre fortement en compte la parité dans les critères de sélection des candidats. 

Enfin, prévoir l’après-recrutement : toute nouvelle recrue a besoin d’une intégration structurée pour mieux connaître ses collègues  ainsi que les processus de travail. Dans l’autre sens aussi, l’on-boarding doit permettre à l’ensemble des collaborateurs de connaître la personnalité et situer le rôle d’un nouveau membre et doit également assurer un transfert de connaissances de qualité. J’ai eu une sacrée surprise quand, à peine passée du contrat d’alternance au CDI, mon manager m’a demandé de prendre en main le management de l’innovation au sein de l’équipe Data comme mission transverse. Étant Data Engineer, je m’attendais à un CDI où je ne sortirais pas le nez des méga bases de données. Cette nouvelle mission a été une découverte de moi-même, si gratifiante et diversifiée qu’elle tient toujours, trois ans plus tard !

Viser la parité dans un business où la femme est essentielle.

L’équipe Data de Lucky cart, c’est aussi une machine à brasser les flux de caisse de la grande distribution pour en extraire des connaissances sur les habitudes d’achat. Devinez quoi, les trois quarts des shoppers figurant sur ces flux de caisse sont… des femmes ! Bien entendu, nos Data boys sont tout aussi bien armés de leurs connaissances mathématiques et informatiques, mais nous sommes tout de même bien contents de compter en sus sur l’intuition des nos Data girls pour mener l’étude ! Lina, est notre principale Data Scientist travaillant sur notre modèle de calcul de promotions personnalisées. C’est la reine de la programmation, très compétente en mathématiques et en algorithmique, mais il arrive quand même parfois où en présentant les résultats de ses recherches, elle nous dit “l’intuition que j’ai sur cette feature est…”. Tout Data Scientist pourrait s’y reconnaître, et dans le cas de notre business, nous y voyons une réelle utilité ! Du côté de l’équipe Tech, l’avenir nous fera découvrir la touche de Tetiana et Pauline, fraîchement recrutées et premières Tech girls dans l’histoire de Lucky cart. Ce qui est déjà sûr, c’est que grâce à elles, l’équipe parle davantage en anglais au quotidien. Quoi de mieux pour l’internationalisation de Lucky cart !

Retour sur le webinar Women and Allies

C’est en repensant à tous ces points que j’ai préparé mon intervention au webinar. J’ai eu le plaisir de le faire aux côtés d’un superbe panel qui a traité ces sujets du point de vue des professionnels français, en comparaison à l’état des lieux aux Etats-Unis. Nous avons ainsi parlé des facteurs clés permettant à la France d’améliorer la situation des femmes en milieu professionnel, des défis qui doivent encore être relevés et comment nous voyons la situation dans 5 ans, et plus largement dans le futur.

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